Rotation sectorielle, remontée des taux, hausse des matières premières, inflation…les questions fleurissent à l’arrivée du printemps. Nous vous proposons une grille de lecture des sujets émergents du moment qui seront pour certains brûlants dans les prochains mois.
Après une décennie de relance macroéconomique reposant uniquement sur la politique monétaire des banques centrales, l’année 2020 est une rupture importante avec l’annonce d’une relance budgétaire massive dans de nombreux pays. En effet, depuis plus de 40 ans, la stimulation de l’économie mondiale est venue de la baisse structurelle des taux longs. En septembre 1981, le taux 10 ans américain culminait à 15.80%, en août dernier il touchait 0.50%.
Aujourd’hui, la réouverture progressive de l’économie mondiale modifie la trajectoire des taux longs avec un rebond depuis l’été dernier. La raison est assez simple : les politiques budgétaires annoncées représentent plus de $20 trilliards depuis mars dernier, les Etats-Unis ont injecté 24.7% du produit intérieur brut en relance budgétaire, à titre d’exemple, avant l’annonce du plan d’infrastructure de fin mars. En deux mots, c’est le grand retour du Keynésianisme et de l’interventionnisme des Etats. Une référence aux présidents américains sera aussi à mener : Biden est-il le nouveau Roosevelt ?
D’ailleurs, sans préjuger des annonces futures, ces politiques devraient s’ancrer dans l’esprit de nos gouvernants. Le « Quoiqu’il en coûte » d’Emmanuel Macron l’an dernier était annonciateur. Nos dirigeants vont essayer de récupérer le vote populaire à travers des mesures de soutien ; l’exemple emblématique est, selon nous, la décision de l’administration américaine de vouloir doubler le salaire minimum tout en taxant les revenus supérieurs à $400 000 ; l’objectif principal étant de contenir la crise sociale en sortie de crise sanitaire.
Pour les marchés financiers et dans l’allocation d’un portefeuille, ces informations sont précieuses. Un Etat interventionniste, à travers une relance budgétaire d’ampleur jamais connue post guerre, est un facteur potentiellement inflationniste.
Essayons d’analyser cette possible résurgence de l’inflation.
En ciblant des thèmes d’investissements: Infrastructures, Energies Renouvelables, Hydrogène, Rénovation…les Etats vont créer des dynamiques sectorielles puissantes. Citons la hausse des investissements, la hausse des matières premières, une pénurie de main d’œuvre, à travers ces différents facteurs ce sont des tensions inflationnistes des biens et des services qui vont surgir dans les prochains mois. Les ingrédients d’une résurgence inflationniste semblent être présents et les tensions sur les prix reflètent un ajustement d’une offre contrainte et d’une demande croissante.
Ce scénario est au cœur de nos interrogations et les prémices de l’évolution de nos allocations sont déjà visibles. Depuis la fin de l’année dernière, nous avons progressivement et sur opportunité, renforcé les valeurs dites « Value » (financières et les sociétés liées à la reprise du cycle économique). En parallèle, des allègements ont été effectués sur les valeurs dites de « Croissance et de Qualité » (réduction des valeurs de la technologie américaine). Pour mieux appréhender ce potentiel nouveau cycle, une question devra être tranchée ! Sommes-nous au bord d’un nouveau super cycle des matières premières ? A ce stade, il n’est pas exclu que les décisions politiques portent les germes d’un boom des « commodities ». L’histoire économique et des marchés financiers doivent nous alerter. Les phases inflationnistes sont en général jumelées avec un cycle de remontée de cette classe d’actifs et sa performance est la plus forte, avec les actifs réels. Si c’est le cas, tout en respectant des critères stricts liés à la thématique de l’environnement, il faudra investir dans ce thème avec, par exemple, le prisme des matières premières favorisant la transition énergétique.
Finalement, pour les investisseurs, l’enjeu principal est de savoir quel impact aura l’évolution de l’inflation sur la politique monétaire de la Fed. Et comme le dit le dicton : « Don’t Fight the FED ».
Laurent DEYDIER – Directeur Général Délégué
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