La crise sanitaire que nous venons de traverser est historique et le confinement de la moitié de la population mondiale au paroxysme de l’épidémie au printemps dernier en est l’image la plus forte. Depuis, la proactivité des Etats et des Banques Centrales dans leurs réponses est venue stabiliser des économies fragiles (relance budgétaire, reports des charges, mesures de chômage partiel, nouvelles mesures monétaires pour endiguer un risque de crise financière…). Aujourd’hui, quelques semaines après le début d’un déconfinement progressif dans les principaux pays de l’hémisphère nord, l’heure est au bilan en dressant les perspectives des prochains mois.
A quelques jours de la fin du premier semestre, l’ensemble des marchés financiers mondiaux affichent des performances, ou plus précisément, une résistance surprenante. La performance du Nasdaq, l’indice des valeurs technologiques, en progression de 12% sur le semestre, est époustouflante et, en même temps, le reflet d’une transformation rapide de nos sociétés. Il faut voir dans cette hausse un nouvel avènement des valeurs digitales et une tendance forte de l’évolution de nos sociétés, de nos habitudes de consommer, mais aussi de travailler.
La Chine, premier pays touché par la crise du Covid-19 et berceau du virus, affiche une performance très légèrement positive. La gestion de la crise, d’un point de vue domestique, a été, une fois encore, un succès pour l’administration chinoise. Bien évidemment, la communauté internationale aura toujours la critique facile sur la liberté d’expression et une gouvernance parfois trop autoritaire. Mais finalement, les investisseurs du monde entier ne se trompent pas : la Chine et l’Asie du Sud-Est sortiront moins affaiblies de cette crise, avec des capacités de rebond intactes et des finances solides. A l’avenir, la planète finance se lèvera encore plus à l’est.
A l’inverse, les Etats-Unis et l’Europe affichent des bilans plus mitigés. Rien de grave au regard de la violence extrême de cette crise : le S&P 500 affiche une baisse, sur le semestre, d’à peine 5% et l’Eurostoxx 50 recule de 11,50%, soit un rebond de plus de 40% depuis les points bas touchés en mars dernier. Toutefois, les Etats-Unis ont perdu des points dans cette crise : la gestion de la dimension humaine n’a pas été au rendez-vous. Dans quelques mois, nous verrons si cette crise économique aura des répercussions sur la réélection de Donald Trump, mais la situation actuelle est devenue beaucoup plus complexe. Bien évidemment, les Etats-Unis restent la super puissance économique mondiale et les plans de relance du gouvernement et les interventions massives de la banque centrale américaine sont pour beaucoup dans cette incroyable résistance des marchés financiers américains.
Enfin, il reste l’Europe, notre bon vieux continent, touché au cœur et dans sa chair, à la fin de l’hiver 2020, par un virus invisible mais dévastateur. Après, une démonstration de réponses individuelles, lors de la phase initiale de la crise, l’Europe a eu la bonne idée de se rappeler un vieux proverbe qui dit que l’Union fait la Force. Acte fondateur et fédérateur qui ouvre les portes d’une nouvelle ère à l’Europe. L’histoire retiendra qu’en 2020 des transferts budgétaires auront vu le jour pour une nouvelle Europe plus solidaire et unie.
D’un point de vue de l’économie mondiale et au-delà du rebond mécanique du prochain trimestre, quelques inconnues subsistent : les faillites d’entreprises vont-elles exploser ? quels seront les impacts sur la population active avec, en corollaire, l’évolution du taux de chômage, la baisse de la productivité liée aux mesures sanitaires… ? Comment les secteurs les plus touchés comme l’aérien, l’hôtellerie, la restauration, en résumé les secteurs de proximité, vont-ils survivre ou naviguer dans une tempête avec des vents d’une violence rare ? La dette, l’épargne élevée ou encore des déficits publics à la hausse sont aussi des inconnues qui seront des freins à la croissance potentielle de long terme.
Lors de notre dernier point, nous évoquions des thématiques d’avenir et notamment la thématique de la digitalisation.
Nous avons, depuis, en concertation avec nos équipes de recherche et de gestion, retenu cinq axes principaux : les datacenters et serveurs, l’infrastructure des réseaux, l’accès à distance et les solutions de télétravail, l’e-commerce et les plateformes de paiement et enfin les divertissements et jeux vidéo.
Fruit d’un travail réalisé par nos équipes avec la collaboration de nos partenaires et d’experts sur les secteurs, nous avons déterminé les valeurs les plus représentatives de ces cinq thèmes.
Notre mandat de gestion avec une approche dite de « Finance Responsable » a évolué pour intégrer des nouveaux critères et répondre aux enjeux de demain qui touchent l’environnement, le social et la gouvernance. Notre fonds Equilibre Ecologique, lancé en 2011, pionnier sur ces points, fait partie des fonds signataires du Code de transparence de l’AFG/FIR. Enfin, pour effleurer des sujets qui nous sont chers, une réflexion en interne est menée sur l’ESG, au niveau de la banque mais aussi de nos solutions d’investissements.
Aujourd’hui mais encore plus demain, il nous faudra savoir répondre aux évolutions et opportunités créées par cette crise. Le « pacte vert » européen est clairement un potentiel « game changer » pour l’investissement et l’économie européenne. Notamment, il a été annoncé parmi les priorités :
1/ le lancement de programmes d’énergies renouvelables, en particulier l’énergie éolienne et solaire ainsi que des projets de l’hydrogène propre en Europe ;
2/ le développement des transports et une logistique plus propre, y compris l’installation d’un million de points de recharge pour les véhicules électriques et un coup de fouet au transport ferroviaire et à la mobilité propre dans les villes et régions ;
3/ la rénovation sera enfin, aussi, un point important de ce plan.
En conclusion, après un premier semestre extrêmement volatile, les perspectives à court terme seront guidées par l’évolution de la crise sanitaire et les réponses des états et des banques centrales. Le chemin d’un retour à une croissance durable reste semé d’embuches. Toutefois, à côté des convictions fortes que nous avons évoqué, nous adopterons une stratégie tactique pour vous faire bénéficier des inefficiences des marchés financiers.
Laurent DEYDIER
Directeur Général Délégué
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