En l’espace d’un trimestre les marchés financiers viennent de connaitre deux phases très distinctes avec des amplitudes très fortes et d’une rapidité extrême. Une phase de capitulation qui a fait plonger les indices mondiaux de 35% à 40% selon les zones géographiques, synonyme de crise et de récession. Puis un rebond de près de 30% sur le marché américain, notamment depuis la fin mars, peut-être le préambule d’une reprise ? Après huit semaines de confinement, quels constats pouvons-nous dresser ? Gagnants, perdants, est-il possible d’identifier les pays, les thèmes ou encore les secteurs ? Notre allocation d’actifs sera-t-elle modifiée à l’issue de cette crise ?
Les signes d’amélioration de la situation sanitaire et la volonté des gouvernements de relancer l’activité économique se traduisent par une phase de déconfinement progressive des principaux pays de l’hémisphère nord. Bien évidemment, les statistiques économiques publiées récemment traduisent l’effondrement de l’activité. En Europe, la contraction de l’économie est de 3.8% en rythme trimestriel (plus de 15% en rythme annualisé), et ce, alors que la crise n’a démarré que mi-mars. Les autres puissances mondiales ne sont pas épargnées, la contraction aux États-Unis est de 4.8% en rythme annualisé, tandis que la Chine enregistre une contraction de son activité de 6.8%. L’urgence économique est indiscutable, alors que la crise va s’accentuer au deuxième trimestre.
Les interventions massives des principales banques centrales de la planète et les annonces de plans de relance budgétaire des principaux pays ont pour but non seulement d’essayer de contenir la récession et ses conséquences sociales, mais surtout de permettre d’en sortir plus vite.
Le rebond des indices mondiaux depuis la fin mars est-il exagéré ?
Cette phase de hausse trouve ses racines dans :
- Les excès de baisse et de pessimisme qui ont animé les investisseurs fin février au moment de la propagation forte du Covid-19 qui a conduit environ 4 milliards d’individus à vivre confinés,
- Les décisions fortes prisent par les banques centrales, les États et parfois les institutions internationales.
Au même moment, les analystes financiers réduisent fortement leurs anticipations de profits dans le monde. A titre d’exemple, en Europe les bénéfices des entreprises pourraient baisser de 30% en 2020, du jamais vu depuis la Grande Dépression du siècle dernier.
Nous considérons donc que nous sommes à un point d’équilibre. Ce point correspondant à un ajustement entre les actions positives, décrites ci-avant, et les anticipations de contraction de l’économie de l’autre.
Ce phénomène de reprise des marchés est-il durable ?
Les tendances et les performances des marchés financiers se fondent, entre autres, sur l’anticipation de la trajectoire future de l’économie et des bénéfices des sociétés, même si d’autres paramètres rentrent en compte ; mais ce sont les principaux. Aujourd’hui, les marchés pensent que l’essentiel des risques sont derrière nous, même si l’épidémie n’est pas encore vaincue et qu’aucun traitement thérapeutique « miracle » n’existe à ce jour.
Nous considérons que les marchés surestiment probablement la reprise économique. L’équilibre est donc instable et il est possible que de mauvaises nouvelles, sur le front économique ou sanitaire, fassent de nouveau baisser les marchés.
Si le marché devait reculer de 5% à 10%, il s’agirait certainement d’un point d’entrée intéressant, les actifs risqués devenant plus attractifs, et les énormes liquidités disponibles aujourd’hui (+1000 milliards de USD en un mois) pourraient partiellement se réinvestir sur les marchés.
Gagnants, perdants est-il possible de faire un premier état des lieux ?
La première hypothèse repose sur le fait que les pays qui ont été touchés par la crise en premier en sortent aussi les premiers. Dans ce sens, la Chine devrait être économiquement un des gagnants importants de cette crise sanitaire, même si cela semble paradoxal. La performance des indices actions chinois comprise entre -5% et 0%, depuis le début de l’année, confirme cette analyse. Dans un deuxième temps, les États-Unis avec un plan de relance de $2.3 trilliards de dollars (8.5% du PIB) et des interventions sans commune mesure de la FED (programme de $4.5 trilliards) connaitront aussi une sortie de crise plus rapide et un rebond fort. La belle résistance du S&P 500 (-10%) est un témoignage de cette confiance des investisseurs.
A l’inverse, deux blocs sont à ranger aujourd’hui dans le camp des perdants. L’Europe, profondément touchée par cette épidémie, affiche des performances économiques très faibles (plus de 15% de décroissance en rythme annuel) et une baisse de ses indices boursiers entre 25% et 30%, à l’exception de l’Allemagne (-18.5%). Cette crise a fait ressurgir les vieux démons des déficits publics et de l’existence de stratégies distinctes entre le Nord et le Sud. Il manque aujourd’hui une véritable relance coordonnée d’ampleur avec un financement commun.
Parmi les sujets d’inquiétudes, les pays émergents sont dangereusement fragilisés. La chute de l’activité industrielle happe les exportateurs de matières premières ; celle du tourisme chamboule le nouvel échiquier économique de nombreux pays d’Asie du Sud et l’accélération du phénomène de démondialisation met en péril le socle de rattrapage structurel dont dépendent la plupart de ces pays.
Quels impacts du Covid-19 sur les thèmes et les secteurs ?
Depuis la crise, les marchés ont, d’ores et déjà, envoyé des signaux forts. Ils ont sanctionné les secteurs financiers (banques et assurances), l’automobile, l’aéronautique (les compagnies aériennes mais aussi toute la chaîne industrielle liée à l’aviation), le pétrole ou encore les loisirs et le tourisme. Il est fort à parier que ces secteurs ne retrouveront pas de sitôt les faveurs des investisseurs. La démondialisation est un sujet qui devrait revenir sur le devant de la scène et des débats.
En revanche, les marchés continuent de privilégier les secteurs défensifs de la santé, de la technologie, de la cybersécurité et les valeurs dans les secteurs de l’environnement.
Cette crise devrait accélérer des transformations en cours qui sont devenues visibles aux yeux de tous lors de cette pandémie.
Pour répondre aux défis de demain, notre gestion devra s’adapter aux évolutions en accompagnant ses changements. Relever le défi du climat, du numérique ou encore de la santé sont des pistes sur lesquelles nous travaillons depuis des années et qui vont demander un accroissement de nos savoir-faire, mais aussi un réseau d’experts et de professionnels reconnus pour continuer à délivrer des performances à l’avenir.
Nos gérants pourront vous informer sur les virages stratégiques décrits ci-dessus dans notre allocation d’actifs. Toutefois, pour illustrer nos propos, je vous propose de vous parler de deux thématiques : l’ESG (Environnement Social & Gouvernance) et le numérique.
Sur la thématique de l’ESG, nous avons déployé depuis presque neuf ans, sur certains produits de notre gamme, une stratégie autour de « l’impact ». Ce qui signifie que nous investissons dans des sociétés ayant des initiatives en faveur de projets censés générer des impacts environnementaux ou sociaux positifs. Cette stratégie est déployée dans notre fonds Équilibre Écologique. Elle a donné naissance à un mandat avec une thématique responsable en 2017 et aujourd’hui c’est une réflexion plus générale qui est menée et qui devrait impacter nos gestions sur le moyen et long terme.
Sur la thématique du numérique à travers des choix de valeurs forts mais aussi en sélectionnant les meilleurs spécialistes dans ce domaine, nous avons réussi à prendre le virage de la digitalisation de l’économie. La sécurité, les paiements, les logiciels et bien d’autres secteurs sont des thématiques cœur de notre gestion.
En dernier lieu, nous étudions de façon approfondie, le sort qui sera réservé à certaines grandes industries traditionnelles comme le luxe, afin d’essayer d’anticiper si les champions d’hier seront encore ceux de demain.
Tandis que nous vivons un moment exceptionnel, au sens premier du mot, notre équipe se tient à votre disposition pour répondre à vos questions et reste mobilisée pour vous accompagner.
Laurent DEYDIER
Directeur Général Délégué
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