Point Marché – 15 avril 2020

Comme en 2008, les marchés financiers font face à un choc immense, dont l’ampleur et la durée sont encore incertaines.

Du côté positif, les banques centrales et les régulateurs sont aujourd’hui mieux équipés pour faire face au stress financier. La Fed a rapidement réactivé les facilités de crédit créées en 2008 pour aider le marché monétaire. Son bilan a progressé de 19% du PIB à plus de 24% (soit plus de $1600 mds déployés en quelques semaines). Surtout, l’engagement à en faire davantage semble crédible.

La BCE a également rapidement assoupli les conditions de financement des banques et élargi son programme d’achat d’actifs, les EUR750 mds du PEPP (Pandemic Emergency Purchase Program) sont une réponse forte ; et à la veille de week-end de Pâques, le paquet de EUR500 milliards convenu par l’Eurogroupe est une étape bienvenue pour amplifier l’impact de la relance budgétaire dans plusieurs pays. De plus, en activant le MES (Mécanisme Européen de Stabilité), l’Eurogroupe renforce la position et l’action de la BCE sur le long terme.

Du côté des Etats, l’administration Trump a frappé fort avec un plan de relance de $2000 Mds, soit l’équivalent de 8% du PIB, et les discussions vont bon train sur un plan d’infrastructures équivalent. En Europe, les réponses restent partielles même si l’Allemagne a sorti son « Bazooka ». Une seule certitude, bien que nous ne connaissions pas la taille du trou à combler, les décideurs politiques semblent prêts à tout pour combler ce trou.

Cependant, les sources d’inquiétudes restent nombreuses.

Il est inévitable qu’il y ait une récession globale. Il faut accepter que ce soit une partie de la réponse à la crise sanitaire. A ce stade de la pandémie, on ne saurait arbitrer entre le coût humain et le coût économique. Politiquement, c’est indéfendable. Même le président Trump qui exprimait, il y a peu, le désir de remettre rapidement en route l’économie américaine a dû se ranger à l’avis des experts médicaux. Tant que les populations ne sont pas rassurées quant à l’évolution de l’épidémie, il est de toute façon illusoire d’espérer qu’elles produisent, dépensent ou voyagent comme si de rien n’était.

Le choc du coronavirus met à rude épreuve la solidité politique de l’Europe. L’exemple du Royaume-Uni et du Brexit doit nous rappeler que cela peut amener jusqu’au divorce…

Les États-Unis sont une source d’inquiétude. Le chômage américain est beaucoup plus sensible à la croissance qu’en Europe continentale, par exemple. Cela signifie que les États-Unis connaîtront bientôt une hausse du taux de chômage à 15 %, voire plus. Les réembauches devraient être seulement progressives car les entreprises pourraient profiter de la crise pour réduire définitivement leurs effectifs. Étant donné que le filet de sécurité américain n’est pas très généreux et que de nombreux ménages américains ont peu d’épargne, le coût social pourrait être énorme, semblable à celui d’une nouvelle Dépression.

Certains investisseurs s’inquiètent également des marchés émergents et de leur capacité à faire face à une grande pandémie. D’un point de vue économique, ces pays subissent un triple choc : la faiblesse des prix des matières premières, le manque de liquidités en dollars et la chute du commerce mondial.

Enfin, les investisseurs commencent à réfléchir aux conséquences à long terme de la crise. D’un point de vue macroéconomique, l’accumulation des dettes inquiète car elle pourrait peser sur les perspectives de reprise. Certains investisseurs pensent qu’il faudra simplement annuler certaines dettes. La plupart des gérants actions aimeraient savoir dans quelle mesure les consommateurs vont changer leurs habitudes après la crise et donc sur quels secteurs il convient de se positionner.

Dans ce contexte, notre stratégie d’investissement doit respecter plusieurs critères : la flexibilité pour saisir les opportunités mais aussi protéger vos portefeuilles, une approche fondamentale solide basée sur la qualité des bilans des entreprises sélectionnées, mais aussi la capacité à déterminer les grandes tendances de demain ; la santé et l’environnement devraient être parmi les thèmes gagnants. L’analyse du profil de rendement et de risque dans le contexte actuel nous conduit à une approche prudente ; en effet, pour un rebond durable des marchés actions, il faut une visibilité plus claire sur la dynamique macroéconomique et une stabilisation des indicateurs d’activité.

Dans cette période particulièrement compliquée nous essayons donc :

–           d’augmenter la partie trading des portefeuilles afin de pouvoir capter les petites vagues de hausses et de baisses des marchés et ainsi gagner quelques points de performances. Cette stratégie tactique peut s’effectuer directement ou à travers nos OPCVM ;

–           de repositionner une partie des portefeuilles sur des valeurs dites défensives, dont nous avons la conviction quelles survivront et auront la capacité de se redéployer après la crise ;

–           de conserver nos stocks de produits structurés qui ont soufferts mais dont la maturité longue nous permet de croire en un retour à meilleure fortune ;

–           de limiter les positions sur des OPCVM de maisons de gestion extérieures ne maitrisant pas leurs flux de rentrées et de sorties ;

–           d’anticiper les modifications fondamentales de consommation en adaptant progressivement les portefeuilles de façon pro-active à ces futurs bouleversements comme la dimension ISR (investissements socialement responsables), l’écologie, la finance à impactes qui seront, à ne pas douter, des préoccupations majeures de demain ;

–           en dernier lieu d’éviter de céder à la panique en faisant le dos rond sur une partie des investissements existants dont nous pensons qu’ils restent pertinents.

Nous essayons également d’être le plus possible à votre écoute et de prendre en considération les modifications qui pourraient subvenir dans votre vie professionnelle, vos projets, vos situations familiales…afin d’adapter si besoin vos investissements.

Nous reviendrons régulièrement vers vous, notamment par l’intermédiaire de vos gérants, pour vous informer aussi bien sur notre politique d’investissement que sur nos choix tactiques et stratégiques.

                                                                                               Laurent DEYDIER

                                                                                               Directeur Général Délégué

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